Transformer nos systèmes comptables pour se réorganiser avec ce qui compte (vraiment)
samedi 20 juin 2020
"Qu’ont en commun des pangolins, des écosystèmes asiatiques, des aides-soignant·e·s, des caissier·e·s, des livreur·se·s, etc. ? Ce sont des myriades d’êtres et d’entités que nos systèmes économiques et gestionnaires ont tenu à l’écart, et que la crise actuelle met sur le devant de la scène, révélant de manière très crue leur importance et nos liens d’interdépendance avec eux. Et le premier système de gestion ignorant leur existence ou leur importance est la comptabilité." (The Conversation, 18 juin 2020)
Alexandre Rambaud, responsable de l’axe "comptabilité des organisations" au sein de la Chaire Comptabilité écologique, et Clément Feger, responsable de l’axe "écosystème-centré", décrivent les systèmes comptables comme des moyens de questionner notre rapport aux autres, à notre environnement, à nous-même, et comme des outils de représentation du monde, dans toute sa complexité. C’est enfin et surtout un outil de dialogue et de pilotage pour tous les acteurs de la société, un moyen d’identifier et de considérer "ce à quoi l’on tient" et mérite d’être préservé, et d’organiser les responsabilités individuelles et collectives autour de ces enjeux de préservation.
Le modèle dit "classique" de comptabilité financière reconnait son capital comme un passif à préserver (« cose vive » (choses vivantes)), bien distinct des "actifs" ("cose morte" (choses mortes)) qui représentent l’usage que l’on en fait. Ainsi tout capital est un stock de choses diverses et variées, reconnues comme "capitales", rendues disponibles puis dégradées dans le cadre des activités d’une entreprises, d’une institution, d’une collectivités, et dont il faut assurer la restauration à terme.
La comptabilité sociale et écologique, défendue et développée dans CARE (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology) et dans la comptabilité de "gestions écosystèmes-centrées" (interdépendantes l’une de l’autre), s’inscrit dans cette vision en y intégrant directement et distinctement aux bilans et comptes de résultats des organisations, les enjeux humains et environnementaux. Ces systèmes multi-capitaux, étendus et intégratifs, reconnaissent ainsi l’existence d’entités humaines et naturelles capitales, sources de préoccupations pour les organisations et pour la société, dont il faut assurer la préservation à terme. Ces "dettes capitales" s’évaluent aux coûts de leur maintien après dégradation.
> Lire toute la publication dans The Conversation
> Cette réflexion s’inscrit dans le cadre des recherches menées notamment au sein du programme de recherche “Entreprises humaines : écologie et philosophies comptables” du Collège des Bernardins, débuté cette année, pour une durée de 2 ans.
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